Archive | December, 2012

Jaune citron mais pas trop

14 Dec

Ou comment je suis perçue par la foule autochtone en tant que jaune, mais pas de chez eux.

On m’avait justement posé cette question il y a quelques jours, alors que j’avais déjà en tête l’idée d’écrire un article sur le sujet depuis un moment. Le Japon est l’un des pays les plus (sinon le plus) homogène du monde, puisque l’ethnie japonaise représente entre 98.5% et 99% de la population, le petit pourcent tout naze restant étant composé de coréens et de chinois (remarque, il y a aussi une part de brésiliens et de philippins). Du jaune partout, en somme. Être gaijin mais asiatique mais ne vivant pas en Asie, c’est donc pas commun.

Ainsi le gaikokujin, l’étranger au sens “péquenot qui vient d’un pays extérieur au mien”, ou pire, le gajin, soit carrément “le péquenot de l’extérieur”, l’alien en somme, est assez facile à débusquer tant qu’il est autre que jaune citron.

J’ai un visage typiquement vietnamien, mais pourtant on m’a souvent prise pour une japonaise, notamment lors de soirées où ça grouille pourtant d’étudiants étrangers. Sinon, on me prend pour une chinoise ou une taïwanaise, mais jamais pour une coréenne. Dans les magasins, les employés s’adressent à moi comme ils s’adressent à n’importe quelle japonaise lambda. Ceci dit, vu leur débit de parole (bien que je me sois rapidement habituée au keigo, le vocabulaire utilisé par des “employés” -serveur/ses, banquiers/ères, mais aussi présentateurs/trices télé ou hommes/femmes politiques- lorsqu’il s’adressent à des “clients” ou à un large public en général) et vu la tête de chat écrasé que je tire souvent quand je comprends rien, ils remarquent qu’effectivement, je ne suis pas de chez eux.

Au Japon, le blanc, le noir ou le violet sera toujours vu comme un étranger, quand bien même il/elle se serait installé/e depuis des années ici, se soit marié/e et ait un boulot stable dans ce pays. Celui qui n’est pas jaune citron passera toujours pour un touriste aux yeux d’un Japonais qui le rencontrerait pour la première fois.

Au moins, comme je ne suis pas très grande, ou très blonde, ou très yeux bleus, on me fiche la paix quand je vais faire du tourisme. Comme une vraie touriste japonaise quoi.

Redheads and momijis

1 Dec

Assurément j’étais à deux doigts de faire partie de ces gens qui lancent un blog sans jamais le continuer. C’est déjà arrivé avec mon blog de mangeaille (parce que soyons honnêtes, pourquoi écrire /sur/ la mangeaille quand on peut simplement la faire), mais ç’aurait été dommage de pas continuer ce blog sur ces gens aux yeux pernicieux (dont je fais grosso merdo partie).

En Frâââââânce, le mois de novembre c’est un peu cette espèce de pluie froide et dégueulasse pleine de boue et de dissertations à rendre pour le surlendemain, ce craquage nerveux parce que OH SNAP devoir sur table de philosophie sur la PEURRRR et fiches de lecture sur des trucs pas drôles et des gens connus mais pas nécessairement intéressants. C’est aussi ces journées qui racourcissent et ces gens qui ont une mine toujours plus renfrognée.

Au Japon, novembre ça ressemble plutôt à ça:

Passer une journée sous la plue à Kobe. Mais être payée pour ça.

Passer une journée sous la pluie à Kobe pour un “Koi Show Festival”. Mais être payée pour ça.

Ou passer par le Starbucks de Kobe Kitano, qui était (sans doute) une ancienne maison, vu la tronche du bâtiment.

S’arrêter au Starbucks de Kobe Kitano, qui était (sans doute) une ancienne maison, vu la tronche du bâtiment.

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Faire la chasse aux Kit Kat et choper quatre espèces locales, dont le pudding de Kobe ou ce truc délicieux à la cannelle dont j’ai toujours pas retenu le nom.

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Aller au Kodaiji à côté de chez soi et voir que c’est Rainbow Party partout dans le temple.

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Passer le premier Thanksgiving de sa vie dans une résidence bondée, et faire “the best pumpkin pie I’ve ever had in my life” (sic), et être KONTANTE.

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Prendre un bus de nuit à 22h50, se faire réveiller toutes les deux heures par le conducteur parce qu’on fait une pause, arriver à 5h20 à Hiroshima, prendre le premier train de 6hquelquechose, et puis débarquer à Miyajimaguchi à 7h pour prendre le premier ferry de 7h05.

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Et voir le grand portail quelque part à 7h30.

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Nommer les daims de Miyajima ‘Breakfast’, ‘Lunch’ et ‘Dinner’, pare qu’ils sont appétissants en plus d’être mignons. Lui, c’est Breakfast.

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Acheter des momiji manjuu (des gâteaux fourrés à la confiture, au chocolat, au cream cheese, etc.) par brouettes.

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Faire la gueule pendant une bonne partie du trajet parce que c’est bien sympa de grimper une montagne pendant trois heures, mais les marches doivent faire 60cm à tout casser. J’ai plus de rotules moi.

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Faire la sieste sur un caillou de 3m de haut après avoir atteint le sommet de cette foutue montagne. Se dire aussi “never euguène”

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Quitter Miyajima après la plus longue journée qu’on ait jamais passé depuis son arrivée au Japon.

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Passer pour des mômes de 6 ans avec Sam, Laura, Hannah, Paul, Ken, Alisa, Tess et Emilien parce qu’il y a des trucs du genre plein partout à Hiroshima.

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Changer ses plans à la dernière minute parce que l’artère principale de la ville a plus de classe que les Champs Élysées.

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Terminer son second jour de congés dans un restau italien et faire des trucs schmexy à table.

Pour me ramener en France, va falloir me traîner par les cheveux.