Archive | October, 2012

If you give me some whiskey, I’ll sing you a song

18 Oct

Y a des jours où même en se noyant dans un litre de café au lait, on n’arrive pas à se réveiller. Un peu comme aujourd’hui, entre la grisaille et les tests quotidiens (mais easy peasy, encore heureux) de japonais. La routine c’est sympa, mais c’est sympa que cinq minutes. C’est quand même chiant de se faire ignorer par sa voisine chinoise alors qu’on tente un bonjour. Ou de rentrer chez soi trempée comme si on avait été jeté dans la rivière Kamo. Ou de faire tomber tous les vélos du local dans un assourdissant jeu de dominos, et de constater, l’air hébété et abruti, qu’on avait tenté de déloger le vélo du voisin et pas le sien. Ou de tomber sur cet étudiant chinois bizarre qui pose que des questions bizarres.  Ou de remarquer qu’on a une chaussette trouée juste avant de partir pour le boulot.

Ah oui, le boulot. J’ai, grâce à ma senpai, pu dégoter un job de serveuse à deux minutes à pieds de chez moi. Dit comme ça, c’est doux, mais en réalité c’est pas si évident. Être au contact des clients, c’est une chose, mais quand on bitte pas la moitié de ce qu’on nous dit, c’est tout de suite plus frustrant. Honnêtement, j’hésite à continuer; pas que ce soit horrible, mais c’est difficile. Attendons la fin du mois et nous verrons.

Le premier jour ne fut pas si terrible, pourtant. Près de cinq heures de service, dont la moitié à la plonge. C’est comme à la maison, sauf que les quelques centaines d’assiettes sont plus grandes que mes plats à tartes, qu’il y a 8 types de cuillères, dont des petites-petites cuillères à espresso, les moyennes-petites cuillères à dessert, les petites-cuillères-rondes-à-soupe et les grandes-grandes-cuillères-chelou-pour-le-poisson, et que leur lave-vaisselle déglingue tout en trente secondes. J’ai même eu droit à l’un des desserts de la carte posé devant moi alors que je faisais la vaisselle, et pendant un moment, j’ai cru que je devais débarrasser l’assiette.

Pas de contact avec la clientèle pendant deux heures. Je suis en paix avec mes torchons et mes assiettes, c’est rassurant, mais c’est pas ce que je devrais ressentir. Améliorer mon japonais et trier les verres à champagne, c’est pas pareil. Peur de faire une gaffe, de passer pour une abrutie, sans doute, mais au moins j’ai battu mon record d’assiettes essuyées par minute. Enfin, il y a toutes ces formules de politesse que je ne retiens que difficilement, pas parce qu’elles sont longues, mais parce que je ne sais jamais quand les placer. Quand on quitte la salle? Le boulot? Quand on a terminé mais qu’on est toujours dans le restaurant? J’en sais rien. On me corrige, mais j’ai peur de mal faire, alors je sais pas.

Mais qu’on ne me sorte pas un énième “ganbatte”, cette expression entre le “tiens bon” et le “fais de ton mieux”, n’est-ce pas. Ce mot, c’est l’awesome à l’américaine, il faut tout le temps et toujours ganbaru, ce mot perd toute signification et ne me donne pas plus d’entrain qu’un bon “mets toi au travail, grognasse à capuche”.

Néanmoins, c’est le seul point pas très folichon de ce mois-ci. J’ai trouvé un café plutôt joli en centre-ville qui sert des glaces immensément géantes pour 150€, des croissants à la chantilly, et j’entretiens le vain espoir que l’un d’entre vous sera assez aimable pour m’envoyer du vrai chocolat noir à dessert. Ou tout autre truc qui me rappelle la Frââââânce, mais  les gens en moins. S’il vous plaît. Sérieusement. En échange je vous enverrai des trucs bizarres ou rigolos. Allez.

En attendant, je peux toujours tenter de donner des cours de français. Parce que sincèrement, ce pays en a bien besoin.

Y a des gens qui ont été virés pour moins que ça, je dis ça, je dis rien.